2008/12/17

Résine, mains et pins

Il n’y a rien du mieux que de renoncer à toutes les règles pour un certain temps. Le temps qu’on se promène dans la forêt un dimanche. Marcher près de l’être aimé et ne pas parler. Ne dire rien, juste marcher et marcher. Ecouter les arbres, le bois, le léger grincement des pics des pins sous les pas. Ecouter la lumière aussi. Cette lumière qui filtre à travers les branchages. Ecouter les frissons de son propre corps. Suivre le trajet de deux fourmis, éloignés de leur fourmilier. Ecouter l’eau qui jaillit quelque part. Et ramasser autant de pommes de pins qu’on veut. Les porter dans ses mains. Les porter sans savoir quoi les faire après. Laisser la résine couler et coller sur les doigts. Plus elle va coller, plus ce sentira le pin et la forêt. Prendre les pommes de pin, cela ne veut pas dire qu’on amènera une pièce de la forêt avec soi, mais au contraire : laisser du soi à la forêt. Car à la fin, on reposera les fruits de ces conifères par terre, au pied des immenses troncs. On laissera une particule de son être aux arbres. On partira avec une ou deux pommes des pins. Le plus précieux qu’on gardera, ce sera la fragrance de la forêt. Les cheveux, la peau et les mains en seront imprégnés.

Est – ce la forêt qui nous a volés pour quelques heures ? Ou sommes – nous qui avons volé la forêt dans nos instants du bonheur ?

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