2008/12/17

Premières neiges

Je rentre et je te dis que la première neige tombe au dehors. Je sais que c’est tard. Je sais que tu es bien au chaud. Mais je t’invite à sortir. Faisons juste le tour des ruelles du quartier. Respirons juste la fraîcheur de cette neige. Permettons à quelques flocons de fondre sur nos lèvres. Imaginons que nous sommes les seuls dans cette merveille.

Pour la première fois, j’aperçois les ombres nocturnes des arbres se projetant sur la neige. Auparavant, je saisissais les autres ombres, celles que la lumière du soleil dessinait. Je n’ai jamais fait attention aux ombres nocturnes sur la neige. Maintenant, je sais qu’elles existent. Elles sont plus inspirantes que les paysages japonais. Et qu’est – ce qui arrivera, si je mets mon pied sur l’une de ces ombres ? Une trace de pas incrustée dans la neige ou une moche coupure de l’imaginaire ?

La neige s’entasse et s’entasse. La lumière diminue du coup. Est – ce vraiment trop tard ?
Il faut chercher de nouveau l’accueil de l’intérieur. Et chemin faisant vers le foyer, nous découvrons ce livre. Il est bizarre, abandonné en pleine nuit à la rue. Eperdu dans la neige. Ces pages ne sont pas encore gelées et elles tressaillissent au vent. Les flocons se rassemblent l’un après l’autre sur le corps frêle du livre. Qui a pu le perdre ou le jeter comme ça ? Et pourtant, il y a là aussi une beauté. Cette beauté est bizarre comme le livre même : demeurant au milieu de la rue déserte, enveloppé de plus en plus par la tombée de la neige. Le matin, les gens ne sauront pas qu’au dessus de cette neige, il y aura aussi un livre qui dort.

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