2009/07/19

Deux ailes tatouées

Deux ailes, rappelant celles des anges, tatouées sur le dos d’une jeune fille osant une robe provocante dans cette saison estivale.

2009/07/06

Les fontaines chantantes

Se promener à l’heure de crépuscule une soirée estivale. Passer près de la fontaine avec l’eau jaillissante, la fontaine couronnée par la sculpture des deux petits anges se disputant la plume d’un cygne. On passe souvent par cet endroit, mais pour la première fois, on s’y rend à l’heure de crépuscule et on s’aperçoit aux détails des anges sculptés. On s’aperçoit pour la première fois que le soir, les fontaines et leurs jets d’eau sont éclairés ainsi ; leur intérieur devient diaphane mais aussi étrangement transparent. La fine lumière bordant la fontaine fait des jets des dentelles scintillantes et glissantes, ou encore des toboggans échappant même aux deux petits anges. Les anges gardent pourtant leur plume de cygne.

Quand j’étais petite et quand j’allais en vacances chez ma grand - mère maternelle, nous passions les longs soirs d’été près des fontaines du centre – ville. C’était un parc, qui à l’époque, me paraissait immense et qui abritait ces fontaines fantaisistes. Dans mes yeux, les fontaines étaient aussi géantes. Les gens les appelaient « les fontaines chantantes », car à l’heure de la tombée de la nuit, elles jaillissaient de plus en plus haut et de plus en plus fort, en dessinant de belles et d’étranges formes dans l’espace au - dessus. Leur eau était baignée par une lumière colorée : rose, dorée, turquoise, mauve, argentée. Oui, c’étaient les lumières qui habillaient les jets et qui taillaient leurs silhouettes mouvementées. Avec le jaillissement des jets lumineux, il y avait aussi des mélodies qui se répandaient dans l’espace. Ces mélodies suivaient le rythme de l’eau et de ses lumières. Les jets se dressaient en haut, très en haut dans le ciel crépusculaire. Les mélodies les aider à dessiner les formes fascinantes. Ils sont demeurés les jets des fontaines chantantes de mon enfance.

Les anges seront toujours en possession de cette plume du cygne envolé de la fontaine de mon quartier maintenant.

2009/07/04

Ma coiffeuse ou ce que nous ne savons pas sur les autres

Combien de fois, nous ne pouvons pas même soupçonner ce qui porte en soi la personne en face de nous, oeuvrant pour notre bien ou nous offrant un service. L’autre jour, je suis allée chez ma coiffeuse, Tanya. Je la connais depuis une année.
Quand j’arrive à l’heure convenue pour ma coupe, je la vois en face du grand miroir. Dès qu’elle m’aperçoit, elle m’accueillit avec son sourire généreux. Elle prend mon parapluie et mon gilet et m’invite à la suivre. Lavant, avec des mouvements doux et précis, mes cheveux, Tanya me dit que ce sera la dernière fois que je la voie au selon. Je retourne ma tête vers elle pour comprendre mieux. Tanya m’explique, tout en me réinstallant bien sur le grand fauteuil de cuir noir, qu’elle devrait arrêter de travailler à cause de la maladie de ses mains. Elle tente de me parler de ces autres collègues et de me proposer « des alternatives » à son absence.
Mais pour moi, cela n’a pas grand sens pour le moment. Je la demande si elle va bien. Elle me sourit toujours en douceur. Je la laisse terminer mon shampoing et je refuse les soins spéciaux cette fois – ci. Je demeure compatissante et je l’encourage à parler si elle veut. Alors, après avoir soigneusement enturbannée ma tête avec la serviette, pour quelques instants, Tanya décide de me montrer les traces des opérations sur ses pouces, au creux de sa paume, près de ses poignets. Puis, elle laisse mes cheveux s’éparpiller en liberté et ajuste leurs bouts avec la gracieuseté qui lui est propre, toujours en gardant son sourire. Elle m’explique qu’elle est coiffeuse depuis 20 ans, mais il y a 9 ans, on a déjà diagnostiqué la maladie des os de ses mains due à l’épuisement professionnel, à la répétition constante des mouvements. Les cicatrices sur ses mains frôlent les délicats contours des roses tatouées là. Depuis que je connais Tanya, j’ai toujours prêté attention à ses roses tatouées en couleurs, mais mon regard n’a jamais distingué aucune cicatrice. Et pourtant, Tanya les a portées avec elle toutes ses cicatrices témoignant des opérations subies. Mais elle ne se plaint pas. Elle veut juste annoncer à chacun de ses clientes qu’elle partira bientôt du salon tout en emmenant les bons souvenirs avec elle. Cette fois, les médecins ne veulent plus l’opérer pour soulager ses douleurs, mais l’obligent d’arrêter son travail pour ne pas devenir handicapée avec les mains. Je lui avoue combien je suis heureuse de l’avoir eue comme coiffeuse, d’avoir osé ses suggestions, d’avoir fait confiance à son sens d’élégance, de l’avoir connue comme personne.
C’est curieux et fatidique en même temps d’avouer qu’en travaillant, on donne peu à peu le plus précieux de soi. On le donne aux autres. On l’offre consciemment ou non pour créer un bien qui n’est pas toujours le nôtre, mais on aime le faire. Jusqu’à ce qu’un jour, la vie ne demande de relâcher prise pour commencer finalement une autre vie où le devoir cédera place aux possibilités impensables.

Et je me décide finalement pour le carré dégradé le plus audacieux. Voilà, Tanya va me le faire avant d’aller vivre loin, de la grande ville, dans sa maison à côté de la rivière. Ses mains continueront d’abriter les roses tatouées et les cicatrices des opérations : signe que cette femme impressionnante a offert beaucoup de beauté à tous ceux qui le lui ont demandé. La vie doit continuer…