2009/03/30

Un vol à suivre

Même s’il fait encore froid, ces matins de la fin de mars, il y a un sens de se réveiller tôt et de sortir au dehors. Si on dresse son regard vers le ciel matinal, on peut voir le vol des oiseaux migrateurs revenant chez nous. La ligne de leur vol est parfaite…Et ils volent ainsi des milliers de kilomètres pour faire revivre l’esprit de ce printemps.

2009/03/26

Dessiner sa famille - ce que les dessins d'enfants nous disent

Jasmie a 4 ans. La proposition de l’institutrice est que les enfants de son groupe dessinent leur famille. Jasmie hésite longtemps avant d’entamer son image. Puis, elle s’élance dans les lignes, les cercles et les spirales nombriliques avec lesquels sa feuille se remplit. L’institutrice se promène près des enfants et observe leurs créations. Elle les encourage à lui raconter l’histoire de leur oeuvre. Elle connaît la famille de chacun, mais la perception et la représentation de l’enfant s’avèrent intéressantes et révélatrices des désirs ou des conflits cachés. Les dessins aideront les enfants à les exprimer et à s’en libérer. L’institutrice sait que Jasmie a un frère, son aîné de 4 ans. Pourtant, ce frère manque constamment des portraits familiaux de Jasmie. La petite fille ne se dessine qu’elle- même entourée de sa mère et de son père. Cette fois, l’institutrice ose questionner Jasmie :
- Et, alors, Jasmie, c’est cela ta famille ?
La petite fille acquiesce avec sa tête en poursuivant le coloriage des pantalons de son père.
- Et Hector n’est pas là ? reformule sa question l’institutrice pour comprendre mieux.
- Non. Hector n’est pas là. Il est à son école. C’est moi qui est avec maman et papa. Et tous les chocolats vont être pour moi. Regarde…On est content.
L’institutrice croit en saisir un peu plus. Sur son dessin, Jasmie dessine un idéal qu’elle convoite : seule à la maison avec ses parents, en pleine possession de leur attention et de tous les chocolats. En réalité, elle devrait « partager » maman, papa et les chocolats avec son frère qui domine sans doute la situation. Mais le dessin est le territoire imaginaire par excellence où la petite fille expose, vit et transmet ses désirs tels qu’ils sont.
L’institutrice encouragera Jasmie à offrir le dessin à sa maman cet après – midi.

Les briques magiques dans les yeux d'un enfant qui attend

Dans la salle d’attente de la clinique médicale, les enfants deviennent de plus en plus impatients. Ils ne s’intéressent plus ni à leur livres, ni à leurs coloriages, ni aux mots doux de leurs parents. Le brouhaha tout autour les fatigue et les énerve. L’ennui dure jusqu’à ce qu’un petit garçon s’aperçoit au mur d’à côté : un mur imitant des briques rouges, blotties l’une contre l’autre infailliblement. L’enfant se dirige vers ce mur, pose sa main sur l’une des briques représentées et demande à sa mère : « Comment on peut trouver la brique magique, maman ?...C’est comme le mur de Harry Potter.., le mur qui s’ouvre vers le train magique ! » L’enfant demeure épaté devant sa découverte. Il tente de découvrir la brique magique sur le mur dans cette salle d’attente en tâtonnant tout au long des briques dessinées.
La maman, contente que son fils soit sorti de l’ennui commun, l’encourage : « Essaye toutes les briques, mon chéri, tu va trouver la bonne… » Puis, elle regarde vers le cabinet de l’infirmière avec un désir évident que leur tour vienne avant l’épuisement de la magie.

2009/03/25

Le 25 mars - Annonciation


Avez – vous jamais pensé pourquoi il y a des pots de fleurs et de grandes plantes vertes près des autels ou au pied des statues des Saints aux cathédrales ?
La prochaine fois, quand vous franchirez le seuil d’une cathédrale ou d’une église, prêtez-y attention. Les fleurs et les plantes, avec leurs branches poussantes, sont vraiment là : comme une confirmation de la vie même (malgré le silence des statues que nous ne comprenons pas toujours).

2009/03/23

Avec un pas chancelant

C’était une femme d’un âge indéterminé. Une femme boitant avec son pied gauche. Elle monta au wagon du métro, mais personne ne se releva pour lui céder sa place. Deux stations plus tard, elle s’apprêtait à descendre, quand quelques monnaies s’écroulèrent de sa poche. Elle devait choisir : affranchir la porte déjà ouverte du wagon ou essayer de ramasser ses monnaies éparpillées. Comme si elle était invisible pour les autres, car toujours personne ne faisait le moindre effort à lui venir en aide. Dans les instants qui suivirent, elle savait quoi faire : avec son pied boitant, elle barricada la porte du wagon pour empêcher sa fermeture et elle se baissa pour ramasser ses monnaies. Ce pied, blessé apparemment dans le passé, lui servait comme une ultime arme présentement. Peu avant le signal sonore et alarmant du conducteur, cette femme réussit à descendre. Elle se trouva sur le quai en serrant fermement ses monnaies rescapées dans son poignet. Puis, avec un pas chancelant, elle s’apprêta à monter les marches des escaliers. Elle était la dernière après le flot de la foule élancée. Mais elle allait monter à son tour.

2009/03/19

C’était cela l’Amérique...

Les rochers étaient immenses : des bloques géantes marrons et gris. Je marchais à côtés d’elles et je les regardais étonnée. Jamais, je ne m’étais dressée devant de telles montagnes pierreuses. Elles paraissaient irréelles à cause de leur taille surhumaine, mais en même temps, je pouvais sentir leur surface si je décidais de les toucher. Il y avait de la poussière ; comme si quelqu’un de très loin essayait de travailler les pierres. A droite se détachait une grotte : pierreuse elle aussi. Son entrée était noire et effrayante. L’unique espoir était un fin ruisseau d’eau qui coulait à son sens. Cependant, le ruisseau se perdait sous les rochers entassés. Se je décidais de le suivre, il fallait que je passe sous les rochers ou entrer dans la grotte. A cette idée, je tressaillis du froid et d’une peur inconnue.
Devant moi, d’autres rochers se dressaient. Mes yeux ne saisissaient aucune surface plate, aucun morceau de terre et de l’herbe. J’avançais pourtant tout au long des rochers. Du coup, je m’arrêtai de nouveau. Je soulevai ma tête et mes yeux vers le sommet des ces rocs impitoyables. « C’est l’Amérique », me disait une voix invisible. « C’est ainsi en Amérique ! » répéta la voix avec des notes narquoises, mais je ne voyais toujours personne. Provoquée par la voix, je me dis : « Cela devrait être donc l’Amérique…Et cet endroit est plus impressionnant que le Grand Canon. » A l’instant de cette pensée, j’aperçus un autre tableau. Cette fois, c’étaient les plus hauts rochers de tous ceux que j’avais déjà vus. Deux tours gigantesques formées des morceaux pierreux s’élançaient dans l’air. Et l’air était lointain. Elles formaient comme si deux ailes des portes magiques. Je désespérais de ne jamais pouvoir surmonter ces obstacles, parsemant mon chemin en avant. En comparaison des rochers, j’étais comme une poussière désorientée en face de l’immensité submergeante. C’est alors que mes yeux distinguèrent un petit sentier, à peine saisissable, creusé apparemment sous les rochers – tours. Je m’efforçai de l’approcher et de le regarder de plus près. C’était un minuscule tunnel et le sentier se dessinait à son creux. A la différence de la grotte, le tunnel était lumineux. Sa lumière était l’unique lumière aux alentours. Peut – être, derrière les rochers, il y avait une clairière, mais il fallait que j’ose me faufiler sous le tunnel ; il fallait que je traverse le minuscule sentier au dessus duquel pesait l’énormité de la plus grande masse pierreuse.
J’hésitais. Je regardai en arrière et je compris que le chemin – là était toujours ouvert. Je pouvais reculer et revenir dans mon village si je le voulais. Une pensée me pénétra pourtant : je savais que la lumière manquait aussi dans mon village. L’unique chemin vers la lumière passait sous les rochers géants. S’écrasseraient – ils si j’osais passer dessous ? Les rochers ne me répondaient pas. Il fallait que j’entreprenne ce voyage pour comprendre. Oserais – je le faire ?


Voilà, c’était cela l’Amérique.

2009/03/09

La générosité pétrie dans le pain

Pourquoi ne lâchez- vous pas le petit bout du pain que vous serrez dans la main ?
Pourquoi est – ce que vous voulez que l’écureuil vous voie au moment du don ? Le donnez – vous vraiment au petit animal ou le faites – vous surtout pour vous sentir bien personnellement ?
(…) Et non, l’écureuil ne descendra pas près de vous parce qu’il suit ses propres règles du jeu. Mais ne désespérez pas. La générosité est pétrie certainement dans ce bout du pain si vous le croyez.

Porter une alliance

« Une femme mariée a- t – elle le droit d’enlever son alliance quand elle doute ? » demanda Julie à son amie.
« Tu as le droit, ma chère, mais tu verras que tu la chercheras…Tes autres doigts se plieront et l’index frôlera l’endroit nu et dépourvu du métal… »
« Ce métal peut – il renforcer ma foi en moi – même ? »
« …Enlève – le pour comprendre alors ! »

Le blanc et le noir en une femme

Son goût est particulier. Souvent, elle étonne avec ses habits en couleurs foncées : blouse, jupe, collant en noir impeccable. Et pourtant, le manteau qui l’enveloppe est toujours en blanc immaculé. Ajoutez à cela des gants en cuir blanc et un rouge à lèvres carmin et devinez sa personnalité. Si seulement, on pourrait voir le titre de son livre…Mais le titre échappe toujours. La délicatesse des gestes, manipulant le livre, emportent le regard de l’observateur curieux que vous êtes près d’elle.

La civilité dans le métro et ailleurs

Une femme est assise sur un siège dans le métro. Elle ne déplace pas son sac occupant l’autre siège, à côté du sien. La deuxième femme qui monte au wagon, même en cherchant désespéramment avec les yeux, ne trouve aucun autre siège libre pour s’asseoir. Et elle demeure près de celui avec le sac. Elle n’a pas le courage de demander celle qui fait semblant de ne rien percevoir d’utiliser la place.

Quelques stations plus loin, une maman s’installe avec son petit garçon aux sièges doubles près des portes. Devant eux, une dame africaine, chargée de son caddie et ne désirant pas qu’on trouble son confort, proteste bruyamment que le petit lui donne des coups de pied et qu’il abîme son manteau. Le garçon est trop petit pour avoir de « mauvaises intentions », mais pour ne pas se laisser entrer dans la querelle, la maman prend son enfant dans ses bras, se dresse et quitte les sièges. Elle va aller loin de la dame mécontente pour s’asseoir près d’un papa et de sa petite fille.

Comment se défendre sans offenser personne ? Comment démontrer sa conscience civile dans notre société où même les femmes ne se soutiennent pas assez entre elles ? Un trajet en métro est suffisant pour tenter l’esprit aimable et solidaire avec ces inconnus que demain pourraient s’avérer nos proches.

2009/03/01

Les fraises dans la neige

Manger des fraises fraîches et mûres en demeurant assis tranquillement à une terrasse, en pleine contemplation de la neige. S’abandonner à la délectation, même si une fraise s’échappe et roule dans la neige. Car cette fraise, dans la neige, est comme un pressentiment des saisons fleuries et encore plus ensoleillées. Cette lumineuse journée hivernale,au goût des fraises,les évoque.
Les fraises dans la neige ne s’inscrivent- elles pas dans une sensation de la continuité parfaite de la vie? Sa beauté se poursuit toujours…