2009/04/29

C’est déjà le printemps

Le matin est frais mais pas froid. On a ouvert déjà la fenêtre et l’air du dehors insuffle la sensation de pureté dedans. On sort de la chambre pour réveiller le reste de la maisonnée et on referme délicatement la porte derrière soi. Une demi heure après, en ouvrant la même porte, un souffle de fraîcheur encore plus saisissante se lancera vers nous.
Les plantes, dans les pots, sont encore à l’intérieur. Mais leurs fleurs s’ouvrent de plus en plus décidemment avec l’entrée des rayons. Il suffit que les derniers atteignent les pétales frêles.
Les minuscules graines, plantées le dimanche dernier, se métamorphosent en brins vivifiants. Il y a assez de place afin que tous poussent libres et respirant la fraîcheur de la vie.
Oui, c’est déjà le printemps.

Après l’émerveillement d’un tableau

Voir, en IKEA, un tableau : portrait reproduction d’Audrey Hepburn. Ralentir ses pas élancées. S’évader pour quelques instants de la liste des courses. Juste pour contempler le regard de l’actrice mythique même si on n’a rien vu de sa filmographie. Son portrait est fabriqué des imprimes noires sur une toile blanche. La finesse de sa main et la magnificence des contours de son visage sont pourtant présentes. Audrey Hepburn émet toujours la grâce et la gracieuseté de la beauté humaine dans ce minuscule salon, arrangé et improvisé dans les halles du magasin. Et depuis, avoir un désir constant de chercher un film avec la présence d’Audrey. Quel étonnement merveilleux à la vue du premier CD à l’entrée de la bibliothèque deux jours plus tard. De l’enveloppe de The Children’s Hour, le regard lumineux et la pureté splendide de l’ovale du visage de l’actrice vient à ma rencontre. Où qu’on soit, Audrey Hepburn sera toujours Audrey Hepburn. C’est fascinant quand, pour quelques instants, la beauté des mythes éternels effleure notre quotidien. Tout a commencé en IKEA et s’est poursuivi à la bibliothèque, mais le secret de l’émerveillement demeure dans nos âmes et dans nos yeux.

2009/04/24

Avant d’arriver à la maison

Le monde est vraiment bien coloré même tard le soir dans les wagons des derniers métros.
Les deux jeunes hommes ne se gênent pas de se tenir les mains. Ils ont l’air sympa et paisible. Ils s’assoient au siège double et poursuivent l’écoute de leur mélodie en sortant leur IPod commun. Un peu à part, sur le siège près des portes est installé un autre homme dont les habits démontrent un style de vie rebelle et particulier. L’une de ses chaussures et colorée en vert claire et l’autre, en violet foncé. Son manteau du cuir est parsemé des emblèmes et des messages évoquant la paix, l’amour, la liberté.
Dans le côté opposé du wagon, un soldat en uniforme vert kaki rentre probablement des entraînements et des derniers préparatifs avant de partir en mission. A ses pied repose un immense sac tout neuf, vert kaki lui aussi. C’est aussi un jeune homme. Son regard est pensif mais pas fatigué. Il reste concentré quelques instants sur la femme du siège voisin. Tout le temps, elle lit consciencieusement des pages d’un épais dossier. Contrairement à ce dossier, les bas, moulant les lignes de ses jambes, sont légers et transparents.
Tout se monde va bientôt trouver l’abri pour son sommeil : prometteur d’un nouvel commencement peut - être.

La lumière qui afflue sur les pages

Se laisser du coup à la lumière qui se glisse sur les pages du livre lu.
Apparemment, on est seul avec son livre et on n’entend que ses pensées : des phrases réfléchissant la lecture. Mais la lumière changeante (pâle, puis trop intense) se faufile par les vitres des fenêtres et afflue sur les pages. On n’est pas seul lors de cette lecture. On est sollicité par cette lumière. Le monde autour de nous est vivant : rempli des présences, parfois à peine saisissables, parfois lumineusement flagrantes. Aujourd’hui, la lumière est désireuse de lire notre livre. Elle continue de glisser sur les pages, imprégnées des sens à découvrir. Le soleil baisse et se fait plus discret avant de nous baigner dans des éclats éblouissants. On peut fermer les yeux et continuer de sentir son jeu des flux lumineux sur nous et ce livre, reposant sur nos genoux.

2009/04/06

Les muettes annonçant la fin de l’hiver

Les cris des muettes sont revenus déjà dans cette terre où l’hiver recule lentement. Les muettes ici, près des arbres encore dénudés, évoquent l’image d’une mer, même une mer éloignée et imaginaire. Les muettes, dans notre terre froide, font la mer émouvante. On imagine qu’un jour, cette mer sera atteignable.

2009/04/03

Boucles d’oreilles – plumes de paon

Elle avait choisi ses boucles d’oreilles pour cet après – midi, annonçant déjà le printemps.
Des boucles d’oreilles, très différentes de celles portées tout au long des saisons précédentes. Deux plumes de paon s’entremêlaient gaiement avec les cheveux bouclés. Oui, ce jour tellement lumineux, les plumes de paon représentaient des bijoux. Partout, l’air évoquait l’espoir. Et l’espoir naissait des couleurs des boucles d’oreilles – plumes de paon.

2009/04/02

Les posseseurs de l'amour

Ils s’embrassaient. Elle était adossée au mur et il la couvrait avec son corps. Leurs mains étaient entrelacées et leurs bouches les plongeaient l’un dans l’autre.
C’était dans l’immense corridor du métro, à l’heure de la plus grande circulation du soir. Les gens passaient près d’eux ; certains les fixaient du regard, d’autres les dépassaient sans en prêter aucune attention. Les deux amoureux demeuraient enlacés. Leurs êtres dessinaient un amour émouvant et interminable.
Pourquoi s’exposaient – ils ainsi? Pourquoi ne pas s’aimer ailleurs? Pourquoi exhiber autant l’émotion précieuse?

S’étaient – ils embrassés après une longue attente ? S’étaient – ils entrelacés après une dispute houleuse ? S’étaient – ils finalement retrouvés ?

Ils étaient visibles pour les passants. Mais le monde s’était estompé pour eux: les deux seuls possesseurs de cet amour brûlant, essoufflant et vivifiant au milieu du corridor terne du métro.