2009/01/04

Quelques pensées lors d’une visite au Musée des Baux –Arts de Montréal

En contemplant les jarres, les cruches et les autres récipients de terre cuite hérités de la Grèce antique, c’est intéressant de suivre leurs dessins décoratifs : des silhouettes des femmes et des simples mortels, des déesses et des dieux, des héros mythiques et des géants. Observant une telle jarre, j’essaye d’imaginer le contenu des coffres dans les mains des deux femmes dessinées à côté d’Eros. Plusieurs siècles se sont écroulés de leur vie, si elles ont jamais existé vraiment, mais voilà leurs images dans ce musée aujourd’hui et je voudrais deviner leurs secrets.
Entre autre, j’apprends que la présence de l’oxygène dans le four où cuit la poterie détermine sa couleur.
J’apprends que le verre est fait du sable, de la soude et de la chaux. Il a été considéré comme un luxe absolu.

Les taureaux ailés de l’art persan ont la même expression comme ceux du Louvre à Paris, même s’ils sont ici beaucoup plus petits. Les miroirs et les épingles sur les étagères du musée évoquent l’image des femmes d’antan, des princesses mystiques peut – être, protégées par ces taureaux ailés. Elles ne sont plus depuis des millénaires, mais leurs miroirs et épingles ont franchi le temps et nous font la grâce de les voir.


Les arts décoratifs révèlent des objets de faïence, de porcelaine et de cristal comme des soupières, des légumières, des théières, des cafetières, des encriers, des flambeaux et même une boîte à timbres. En se concentrant sur chacun d’entre eux, on peut imaginer le quotidien soigné de leurs propriétaires et les mains qui les ont touchés. Les objets ne trahissent pas les secrets, mais ils racontent des histoires.

Pouvez – vous imaginer la femme qui était blottie un après – midi d’hiver dans ce traîneau français ?


Le design du XXe siècle propose un changement flagrant de la vision et des idées dans l’aile suivante. La chaise avec les roses « incrustées » dans sa chair acrylique impressionne avec le romantisme et le modernisme de son créateur Shico Kuramata.

Visualisez – vous la paix et le dynamisme envahissant votre être, si une chaise pareille vous serait accessible ? Est – ce la chaise - tableau ou la chaise – vase des roses éternelles?


Et puis, l’art des Inuit confirmera que, dans le Grand Nord, l’art est aussi séculaire. Pour les Inuit, transformant les pierres, les os des baleines et les bois des caribous, leurs sculptures sont plus qu’une source économique indispensable présentement. Ces œuvres sont « la réactualisation de leur culture, de sa mémoire et de sa destinée » . Leurs sculptures racontent l’esprit de cette nordicité remarquable et résistante. Finalement, conserver cette création s’avère indispensable pour que la tradition des Inuit demeure vivante. L’art est le plus puissant moyen de l'apprivoisement et du rapprochement de l’inconnu. Il étonne et émerveille. Les artistes inuit n’ont pas voulu donner des titres à leurs œuvres. C’est à chacun d’en chercher et d’en trouver, s'il a besoin. De toute façon, sachez que les Inuit étaient émus autant des ours dansants que des femmes accouchantes.
Quoi dire pour cette femme se transformant en poisson ou pour ce poisson gagnant les formes d’une femme ?


Ce qui concerne la sculpture canadienne, le musée offre une salle des œuvres d’Alfred Laliberté. Devant sa sculpture « La famille des colons construisant leur foyer », on peut imaginer l’étincelle animant les âmes des habitants de ce pays depuis longtemps. L’homme, sa femme et leur enfant existent et ils sont vivants aujourd’hui aussi, mais leur apparence a changé. L’étincelle intérieure est demeurée. Le foyer se construit toujours.

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