2009/02/13

Les choses immuables

La jeune femme avait perdu son amour : son aimé, son amant. C’était sa décision à lui de partir. Et il était parti quelques jours avant la Saint - Valentin. La vie s’était déchirée. Mais la jeune femme s’efforçait de travailler d’une manière appliquée à son bureau. Les matins, elle coiffait soigneusement ses cheveux et choisissait des habits colorés comme auparavant. Pourtant, elle n’avait plus envie de se maquiller. Et cette jour – là, la dernière journée de sa semaine pénible, elle essayait d'accomplir plusieurs tâches: terminer l’article, réviser un autre texte important, rédiger les courriers. En travaillant, elle réalisait que la course de la vie affluait ; il y avait un tas de choses et d’événements qui étaient permanents. Il fallait les résoudre et s’en occuper à l’instant présent. Le monde, l’existence, les bruits, les reflets de la lumière, les paroles tout autour, tout était comme immuable malgré l’écrasement dans son cœur.
Tentant une réconciliation quelconque, la jeune femme voulait ne pas juger trop celui qui avait pénétré avec rudesse et brusquerie sa vie, et parti après. Au moins, il n’avait pas menti ; il n’avait pas fait semblant. Il était resté juste le temps du désir. Si le désir s’était envolé, personne n’aurait pu l’accuser.
Tout ce qu’elle pouvait faire était de rester concentrée sur son travail jusqu’à la fin de la journée. L’une de ses collègues lui demandait l’adresse de la boutique ouverte récemment et proposant la lingerie la plus insolente dans la ville. Gardait – elle encore l’adresse de cette boutique ? Elle devait vérifier. Elle sourit à sa collègue. Et la dernière demanda : « C’est chaque jour que tu écris avec le même stylo, ma chère ? Il va tellement bien à ton style. Comme s’il t’inspire des idées… »
Elle regarda son stylo noir : un parfait MontBlanc, offert par celui qui n’était plus…Oui, elle avait pris l’habitude d’écrire chaque jour, au moins 10 minutes, avec ce stylo dans son agenda. Elle aimait toucher sa surface polie et lui fier sa pensée. Elle aimait glissait avec lui sur le papier et abandonnait sa main aux mouvements rythmiques de l’écriture. Le stylo et son encre noire, déversée sur la page, lui rappelèrent l’homme déversant l’énormité de sa passion sur son corps frêle.
Oui, il y avait des choses immuables. Apparemment immuables. Et cela, malgré les abandons.

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