2009/06/03

Ce qui est grand et ce qui est petit ou encore un peu sur Philadelphia

Sans savoir grand-chose sur Philadelphia, je me suis rendue dans cette ville des Etats – Unis chez des amis. Dès ma première demi – heure de promenade sur ses larges rues et après le dévisagent des panneaux indiquant la location des musées, des bibliothèques et des écoles, dès ma première rencontre avec son architecture riche, où la majesté de l’ancien et la permanence du moderne se frôlent, j’ai eu l’étrange impression que cet endroit me rappelle une ville déjà connue. La légère poussière soulevée par nos pieds, le ciel limpide et le soleil intense mais clément, les gouttelettes répandues par les jets des fontaines éblouissantes, la jouissance et le brouhaha citadins, les passant de toutes races et l’écho des plusieurs langues, les grandes affiches annonçant des expositions du renommé mondiale, tout cela évoquait en moi un goût d’étrange familiarité, même si la ville était nouvelle pour moi. Du coup, mes amis ont approché un banc pour s'asseoir là et mettre encore du crème solaire à leur enfant. Près du banc, mon regard a tombé sur une brochure décrivant les sculptures de Rodin. C’est alors que je me suis exclamée que Philadelphia me rappelait Paris. Mes amis, tout en cherchant la crème solaire et l’eau dans la poussette de leur fils, m’ont rétorqué que cela ne pouvait pas être possible ; que Paris c’était Paris, l’unique au monde, et même s’ils ne l’avait jamais visitée, même s’ils aimaient leur Philadelphia, ils n’étaient pas d’accord avec mon comparaison, « tellement incongrue ». Pourtant, à quelques pas de notre banc, ils me montraient la sculpture du Penseur, se dressant silencieusement dans l’ombre des arbres près de l’entrée du musée Rodin à Philadelphia. Oui, il y a un musée Rodin à Philadelphia (rodinmuseum.org). Un grand collectionneur américain avait offert les sculptures acquises et les premières copies des originaux à la ville pour construire ce temple de l’art. Le musée Rodin, tout près de notre banc, m’a confirmé la ressemblance avec Paris. Cette ressemblance n’est pas trop explicite, mais je la saisissait dans l’esprit des rues centrales et de leur ambiance. Un peu plus loin, dans le musée des beaux – arts de Philadelphia, une exposition de Cézanne invitait les gens à franchir ses portes. Là, j’ai su que la plus grande collection au monde des tableaux post -impressionnistes résidait à la maison du docteur Barnes, toujours à Philadelphia et non pas au Quai d’Orsay comme je le croyais auparavant (www.barnesfoundation.org). Oui, dr. Barnes était devenu richissime en inventant un vaccin et des médicaments importants. Avec son argent, il avait collectionné plusieurs Renoir, Cézanne, Matisse, Monet, Modiliagni, El Greco, Goya, Van Gogh et Picasso. Il avait installé les tableaux sur les murs de sa maison non pas par ordre chronologique des tableaux et des styles, mais par la symbolisation que lui – même avait trouvée dans les images. Il a voulu que sa maison soit devenue une école des beaux arts. Le débat présent, à Philadelphia, était si d’autres musées et fondations avaient le droit d’acquérir la collection de dr. Barnes pour en familiariser ainsi de nombreux visiteurs ou la richesse de cet art inestimable devrait demeurer en privé dans la maison du défunt docteur. Voilà, des débats sur l’art, il y en avait aussi à Philadelphia.
En poursuivant notre trajet sur les rues de cette ville, j’ai expliqué à mes amis que si à Paris, ils pouvaient marcher dès le Louvre jusqu’à l’Arche du Triomphe en passant par la Place de la Concorde et en suivant un peu plus loin l’avenue des Champs- Elysés, à Philadelphia, nous marchions aussi « en ligne droite » dès la place de la grande fontaine, traversant l’avenue décorées des drapeaux des nations et nous arrivions ainsi au pied des grands monuments et du leur museum of fine arts (philamuseum.org). Là, la statue de Rocky (prototype d’un Sylvester Stallone, vainqueur et élancé) enthousiasmait la foule.
Finalement, les sémaphores en face des cathédrales, les panneaux « One way », les pauvres faisant la queue à côté de la Basilique Saints Peter and Paul (www.sspeterandpaulcathedral.catholicweb.com) pour recevoir une soupe ce dimanche, les riches débarquant avec leurs sacs Louis Vuitton devant le Hilton local, les drapeaux de tous les pays déployés tout au long des allées de la rue centrale, l’enfant souriant de mes amis, l’installation de la Pince géante devant un gratte – ciel, les gens ne résistant pas à la tentation et plongeant dans l’eau cristalline des fontaines, les quatre lettre géantes elles aussi de
« LO
VE »
au cœur de Philadelphie, cette ville de quelques 300 ans, tout cela reformule la question sur ce qui est grand et sur ce qui est petit…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire