2010/10/18

Le héron

Premièrement, on était content d’avoir pu le distinguer – son plumage gris était identique aux pierres de la muraille grise bordant le canal. Le héron aurait soigneusement choisi ce camouflage tranquille de l’endroit lui ressemblant tant en couleurs.


Il fallait vraiment se fixer continuellement en sa direction pour discerner les formes de l’oiseau.
Après la joie de la première découverte, on demeurait silencieux.

Le héron était silencieux et presque immobile lui aussi. Cette immobilité étonnait avec la force de sa persistance. Méditait – il comme certains autres oiseaux ou telle n’était que l’illusion humaine?
L’oiseau restait tourné vers le petit barrage d’où l’eau descendait énergiquement en masses galopantes. Pouvait – il saisir les sons chantants ou bien se contentait – il de voir cette eau se mouvoir et se moduler continuellement?

Après, je me suis demandée si ce héron n’était pas blessé ? Pouvait – il voler? Pourquoi était – il seul là ? Etait – il normal pour son espèce de rester en solitaire? Etait – il au guet de son dîner que l’eau ou l’air allaient lui offrir? Ne s’envolerait – il pas vers des pays plus chauds, car l’automne se manifestait de plus en plus?
Mais évidemment toutes ces questions n’appartenaient qu’à l’humain, sans que le héron en soit concerné dans sa méditation immuable.

Et puis, avec la tombée de la nuit, le héron a remué ses ailes. Il les a déployées largement au-dessus des pierres et s’est librement envolé peu avant l’arrivée de la nuit…Loin de nous…En nous abandonnant à nos questionnements…Seul le souvenir de son œil mystérieux demeurait comme une trace persistante. Et cette trace, toujours en nous…

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